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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 07:05
Séparer les filles et les garçons à l’école : progression ou régression ?
Marie Huret
 |  Le 28 octobre 2019
 

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«Vous la mettez au couvent ?» «Ça existe encore ?» Faisant fi des réflexions des guérilleros de l’école républicaine qui ne jurent que par l’égalité, bon nombre de familles ne considèrent plus aujourd’hui la non-mixité comme une régression, mais comme une option pédagogique novatrice. Séparer les admirateurs du footballeur Mbappé des admiratrices de la chanteuse Louane ; composer des classes cent pour cent masculines et d’autres cent pour cent féminines ne semble plus tabou chez ces parents. Surtout au collège, pic de l’explosion pubertaire : «En sixième, il y a un réel décalage de maturité entre les garçons et les filles, qui se développent plus vite. Dans notre société où l’on parle beaucoup de harcèlement à l’école, les familles cherchent des solutions d’apaisement, souligne Gilles Demarquet, président de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre. La non-mixité peut être un moment de respiration.» Le phénomène ne se limite plus aux tribus cathos, même les bobos laïcs s’y mettent ! «Nous avons préféré un collège privé de filles affichant de meilleurs résultats que le collège classé ZEP, où notre aînée était censée aller», confie une quadra travaillant dans la com’, qui n’aurait jamais imaginé, dix ans plus tôt, choisir

La «mixité partagée» : garçons et filles sont séparés pendant les cours, mais ensemble au sport, à la cantine et à la récré.

Certes, la France est encore loin du boom des single sex schools américaines promettant de former les manageuses de demain. Mais à Toulouse, Caen, Marseille, Courbevoie… fleurissent des écoles, collèges ou lycées prônant l’éducation différenciée. Difficile d’établir des statistiques, la plupart étant hors contrat : on compterait plus de soixante-dix établissements indépendants non mixtes ou avec mixité partielle (par exemple, mixte au primaire et non mixte au collège), selon la Fondation pour l’école. Leur succès repose sur un objectif : une meilleure égalité. «Le système mixte est considéré par les partisans de la non-mixité comme une agence d’orientation reproduisant des stéréotypes sexistes. Les garçons seraient plus encouragés à poser des questions, les filles pas assez poussées en sciences…, résume Antoine Bréau, chercheur à la Haute École pédagogique de Lausanne. En présence de garçons, les filles auraient tendance à se sous-estimer.» Preuve que l’offre séduit, trois cents parents ont assisté à la réunion annonçant l’ouverture en septembre 2020, à Clichy (Hauts-de-Seine), du collège privé catholique Sœur-Marguerite. Particularité : la «mixité partagée». Garçons et filles seront séparés pendant les cours, mais ensemble au sport, à la cantine et à la récré. S’épanouir et réussir chacun de son côté, tel est le double pari de la désunion scolaire. Mais retrancher chaque camp dans une espèce de gender box n’est-il pas le meilleur moyen de renforcer les stéréotypes ?

Le confort de l’entre-soi

Planté entre les tours de Puteaux et l’îlot de verdure d’un jardin d’enfants, le collège Bienheureux-Charles-de-Foucauld pratique la «mixité partagée» depuis 2012. Dans ce quartier à proximité de La Défense, l’établissement catholique de quatre cent cinquante élèves attire tous milieux et toutes religions. Filles et garçons se retrouvent durant la cantine, les récréations ou la chorale. En cette fin de matinée, plots sous les bras, Nike aux pieds, des garçons rentrent d’EPS. Les cours se pratiquent dans l’entre-soi XY ou XX… En histoire, la guerre de 14-18 se raconte aux adolescents sous le prisme des grandes batailles, aux adolescentes, sous l’angle sociétal des femmes qui travaillent, les maris partis au front. En SVT, où la reproduction est abordée, on glousse moins. #MeToo est passé par là. «Vous n’imaginez pas combien, à l’adolescence, les jeunes du même sexe ont un sentiment de liberté lorsqu’ils sont entre eux, souligne la dynamique chef d’établissement Laurence de Nanteuil. Ils gagnent en confiance, et cette confiance en soi est la clé de la réussite scolaire. Les filles, comme les garçons, d’ailleurs, s’affirment, prennent la parole sans crainte d’être moquées.»

En vidéo - Rentrée 2019, en quelle classe sont les enfants des stars
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